"Découvrez le parcours d’Anne-Laure Torresin lorsqu’elle était directrice déléguée aux opérations de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA). Elle revient sur vingt années d’un parcours riche au sein du régime agricole et sur son engagement constant pour la Sécurité sociale"
Pouvez-vous nous raconter votre parcours depuis votre sortie de l’EN3S ?
À l’issue de ma scolarité, en tant qu’élève externe, j’ai choisi d’intégrer le régime agricole. Cela fait aujourd’hui vingt ans que j’y exerce, avec des responsabilités croissantes et une grande diversité de missions.
J’ai débuté à la MSA de la Loire en tant que responsable du service cotisations. Rapidement, j’y ai été nommée sous-directrice, avec des missions de management sur la production et l’informatique. J’ai également eu la chance de piloter des projets majeurs, dont le projet de fusion des caisses départementales, un chantier d’envergure impliquant des volets juridiques, RH et organisationnels.
J’ai notamment œuvré à la réorganisation des services pour renforcer leur performance et au déploiement d’un plan d’accompagnement ambitieux pour les personnels, convaincue que la réussite d’un tel projet passait avant tout par l’humain.
Par la suite, j’ai été nommée directrice adjointe de la MSA Ardèche-Drôme-Loire, en charge du domaine protection sociale et relation de service. J’y ai conduit un projet de modernisation de la relation client, portant sur plusieurs axes : la création d’une plateforme de services, la réflexion sur l’implantation territoriale pour maintenir la proximité, la mise en place d’un accueil sur rendez-vous – encore innovant à l’époque –, et la création d’une cellule de marketing social visant à mieux comprendre les attentes des adhérents.
En 2015, j’ai été nommée directrice générale de la MSA Alpes-Vaucluse, un organisme couvrant trois départements. Dès mon arrivée, j’ai lancé un vaste projet d’entreprise fondé sur une démarche collaborative, afin d’associer l’ensemble du personnel à la construction du projet. Cette méthode a permis de renforcer la cohésion interne et de dynamiser la culture collective.
Durant ces quatre années, j’ai orienté mon action vers la performance et la qualité de service pour les adhérents et les entreprises, dans un contexte marqué par la mutualisation de proximité entre MSA.
En 2020, j’ai rejoint la CCMSA à Paris en tant que directrice déléguée au réseau, motivée par le souhait de contribuer à la stratégie nationale du régime après plusieurs années d’expérience locale. J’ai ainsi pris la responsabilité du pilotage des 35 caisses de MSA réparties sur tout le territoire.
Mon arrivée a coïncidé avec la négociation de la Convention d’objectifs et de gestion (COG) avec les pouvoirs publics et nos ministères de tutelle – un travail de fond visant à définir les moyens humains, budgétaires et les ambitions du régime pour les cinq années à venir.
Je m’investis particulièrement dans le développement de projets inter-régimes. La MSA travaille en effet en étroite collaboration avec les autres branches de la Sécurité sociale :
Ces collaborations, à la croisée des systèmes d’information et des métiers, constituent une dimension que j’apprécie particulièrement.
Pourquoi avoir choisi l’EN3S et la Sécurité sociale ?
Très tôt, j’ai souhaité intégrer le service public. Après un parcours à Sciences Po orienté vers le service public, j’ai choisi de me tourner vers l’EN3S lorsque j’ai découvert les carrières qu’elle ouvrait.
Ce choix reposait sur deux convictions fortes :
La richesse de ce champ réside également dans la diversité des domaines couverts : santé, vieillesse, action sociale, recouvrement, relation employeur… Cette pluralité offre des parcours professionnels stimulants et permet d’avoir un impact concret sur la vie quotidienne des Français.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre parcours et sur le choix du régime agricole ?
Lorsque j’ai intégré la MSA en 2002, certains m’avaient mise en garde, estimant que le régime agricole n’avait pas d’avenir. J’ai pourtant choisi de suivre mon intuition, convaincue par la pertinence de ce modèle et par les missions qui m’étaient confiées.
Vingt ans plus tard, la MSA a confirmé toute sa légitimité : la dernière COG, réaffirme son rôle auprès des populations agricoles mais aussi dans les territoires ruraux.
Si je devais aujourd’hui recroiser ceux qui doutaient, je pourrais leur répondre sereinement : mon choix était le bon.
Quel lien gardez-vous avec l’EN3S ?
J’ai toujours tenu à conserver un lien fort avec l’École. J’y ai vécu une scolarité marquante, et j’ai eu à cœur de redonner ce qu’elle m’a apporté.
J’interviens régulièrement auprès des promotions – que ce soit pour des cours, des jurys d’entrée ou des accompagnements individuels. J’ai notamment eu la chance d’aider plusieurs élèves à réfléchir à leur parcours professionnel, un rôle que j’apprécie particulièrement.
C’est un plaisir de transmettre, d’échanger avec les nouvelles générations et de les aider à construire leur voie au sein de la protection sociale.
En conclusion
Vingt ans après ma sortie de l’EN3S, je peux dire que j’ai vécu un parcours varié, riche et passionnant, tant au niveau local que national.
C’est, à mon sens, la plus grande richesse de la formation de l’EN3S : elle ouvre la voie à une carrière plurielle, engagée et toujours porteuse de sens.
Le parcours d’Anne-Laure Torresin